Lucky Ant, ou le financement en ligne des commerces de proximité
Votre quartier se meure, sous les coups de boutoir assénés par la mondialisation, et la gangrène des magasins uniformes. Faites-le revivre, appuyez les commerces du coin, aidez-les à se faire connaître et à grandir. C’est en substance ce que propose Lucky Ant, start-up américaine spécialisée dans la collecte de fonds en ligne.
Resté sur la page d’accueil pendant plusieurs semaines depuis l’ouverture de Lucky Ant, Bari Studio n’a qu’un seul rêve : faire connaître sa marque et la protéger. Or, dans un contexte hyper concurrentiel comme celui du fitness où cette entreprise fait son nid, les grandes chaînes se bousculent pour s’accaparer chaque recoin inexploité de New York, ramener les derniers consommateurs sportifs en mal d’exercice dans leurs filets, copier les dernières méthodes d’entraînement à la mode, et ne laissent que peu de chance à une petite structure naissante. Bari Studio ne peut pas (encore ?) faire le poids.
Lucky Ant en appelle donc aux internautes, et s’adresse en particulier aux riverains souhaitant préserver une vie commerçante simple, authentique, locale, souhaitant venir en aide à des entreprises telles que Bari Studio. L’idée n’est pas d’effectuer de simples dons, mais bien de développer le commerce en l’échange de quelques dollars. Plusieurs offres sont ainsi disponibles pour venir en aide à Bari Studio ($5, $25, $50, $100, $500), à chaque fois avec un échange à la clef, que cela aille de simples goodies à de véritables biens ou services.
Sur chaque page dédiée à un commerçant figure l’objectif lié à la collecte ($5,000 pour Bari Studio), ainsi qu’un descriptif complet de ce commerçant, afin d’expliquer sa démarche et sa présence dans le quartier. En attendant de perfectionner techniquement sa plateforme, Lucky Ant ne met en avant que cette entreprise de fitness, mais d’autres projets ne sauraient tarder. D’autant que chacun peut soumettre un projet de financement sur le site afin de développer son entreprise… ou même rencarder le site sur une entreprise qui aurait bien besoin d’aide dans le quartier. S’il s’avère que l’objectif n’est pas atteint, les fonds sont restitués aux donneurs.
Pour l’instant restreint à New York City Downtown, Lucky Ant devrait progressivement s’élargir géographiquement. Le site joue incontestablement la carte d’ultra-proximité entre le public et une entreprise, et s’inspire d’autres sites de crowdsourcing tels que Kickstarter ou IndieGoGo.
Comme le souligne malicieusement Jonathan Moyal à travers son slogan, « les fourmis ne travaillent pas seules ». Dans une longue interview1 à StreetFightMag.com, celui-ci rappelle ainsi qu’à travers Lucky Ant, « ce que [les commerçants] vendent réellement est une participation à leur histoire – c’est être capable d’investir dans son quartier, être capable de voir les fruits de son investissement dans le quartier ».
Une nouvelle terrasse pour son bar fétiche ? Un nouveau fourneau pour son boulanger préféré ? Lucky Ant est donc un site à surveiller de près, encore dans l’enfance, mais qui part d’une noble cause et qui trouvera un écho certain auprès de chaque habitant citoyen qui sommeille en nous.
1. (en) David Hirschman, Khanty-Mansiysk Lucky Ant Launches, Extending Kickstarter-style Crowdfunding to Local Merchants, StreetFightMag.com