Bulb in Town, l’art du financement participatif local

Bulb in Town, l’art du financement participatif local

Vous aimeriez soutenir l’épicier au coin de votre rue dans son développement ? Votre libraire à financer son nouvel espace de lecture ? Bulb in Town, imaginé par Stéphane Vromman et Alexandre Laing ajoute un caractère local aux plateformes de financement participatif. Une startup comme on aimerait en voir plus souvent, simple, fraiche, astucieuse, proche de ses porteurs de projet et pleine d’ambition. Interview avec les fondateurs.

procent singlar i stockholm Bonjour Alexandre & Stéphane ! Pouvez-vous nous présenter Bulb in Town ?

http://patrickgillet.fr/?=Envoyer Stéphane Vromman et Alexandre Laing : Bonjour, nous sommes deux jeunes entrepreneurs, Stéphane Vromman et Alexandre Laing, et nous avons monté la start-up de financement participatif aussi appelé crowdfunding Bulb in Town, il y a un peu moins d’un an.

Bulb in Town est parti d’un constat simple ; les commerçants, artisans, agriculteurs, espaces culturels et associations de quartier ont toujours plus de difficulté à financer leurs projets. Le contexte économique est morose, les banques ne prêtent pas facilement et nous voulions trouver une solution pour dynamiser ces acteurs de proximité qui font la vie des villes et des villages.

Le financement participatif s’est alors imposé à nous, avec tous les avantages qu’il propose ; impliquer les habitants dans les projets de leurs quartiers, donner une occasion unique aux commerçants de communiquer et de faire découvrir leurs activités.

Sur bulbintown.com, les porteurs de projet peuvent lancer leur projet et offrir à ceux qui les soutiennent des contreparties en nature comme des bons de réduction, des produits gratuits, des invitations, ou autres avantages exclusifs.

Les habitants, les commerçants et les collectivités locales sont les premiers bénéficiaires de ces opérations. On observe que de beaux projets peuvent éclore dans des zones paupérisées en commerces, comme récemment à Saint-Cloud, où la fromagerie le Hâloir a ouvert grâce à sa campagne sur bulbintown.com, recueillant plus de 2.500 euros auprès de 50 soutiens.

Autre exemple, le Musée de Montmartre organise en ce moment même une collecte pour financer la restauration de l’atelier d’une célèbre peintre, Suzanne Valadon. En échange, ils offrent à leurs soutiens des visites privées, invitations aux vernissages et expositions du Musée.

Tous les projets de proximité, le critère étant l’impact local, peuvent lancer une campagne de financement participatif sur bulbintown.com. En clair, ce sont les artisans, commerçants, agriculteurs, associations de quartier, organisations de préservation et mise en valeur du patrimoine…qui ont des bonnes idées, besoin de financement et une vraie volonté de se rapprocher des habitants de leur ville ou village.

Ho Chi Minh City La réglementation sur l’accessibilité des établissements recevant du public est en train de changer. Peut-on imaginer Bulb in Town accompagner les commerces pour les aider à se mettre aux normes ?

Stéphane Vromman et Alexandre Laing : Oui, et c’est d’ailleurs un des axes forts de développement. En janvier 2015, tous les commerces devront être mis aux normes en matière d’accueil aux personnes handicapées.

Cette mise aux normes accessibilité est un vrai progrès social mais est très contraignante pour les commerces. Cela coûte cher et les commerces y sont mal préparés.

En lançant une campagne de crowdfunding sur Bulb in Town, les commerçants peuvent financer les travaux de mise aux normes accessibilité, sensibiliser les habitants à leurs problématiques et profiter d’une forte visibilité. Pour les mairies, c’est l’occasion d’aider les commerces de proximité et d’offrir à leurs habitants l’occasion de s’impliquer dans les bons plans des commerces de leur ville ou village.

Par exemple, Mollymood, salon de coiffure dans le 20ème arrondissement de Paris, a lancé sa campagne pour rénover son salon et le rendre accessible aux personnes handicapées. Ils ont collecté 3.000 euros de la part de leurs proches, amis et habitants du 20ème arrondissement de Paris. Aujourd’hui, en plus d’un relooking total, le salon peut accueillir tout le monde grâce à une rampe extérieure et des fauteuils aménagés.

Que se passe-t-il si le financement d’un projet aboutit ? Peut-on suivre la concrétisation du projet ? Et s’il échoue ? Comment vous assurez-vous que les projets sont tangibles ?

Stéphane Vromman et Alexandre Laing : Notre équipe sélectionne avec soin tous les projets. Ils doivent répondre à une problématique de renforcement d’impact local, être réalisables en termes d’objectif financier et pouvoir apporter des contreparties en nature intéressantes à l’utilisateur.

Nous apportons beaucoup d’attention à la concrétisation de tous les projets. Chaque projet mis en ligne est suivi par un « coach projet » dédié. Chaque porteur de projet reçoit également un kit de communication et un planning personnalisé détaillé qui liste toutes les actions à mener pour que la campagne soit un succès. Chaque semaine, le « coach projet » fait un point avec le porteur de projet pour s’assurer que la campagne avance bien et que toutes les actions nécessaires ont été entreprises.

C’est aussi grâce à cette sélection et cet accompagnement que 80% de nos campagnes réussissent ! C’est bien plus que nos concurrents, qui annoncent sur leur site un taux de réussite avoisinant les 60%.

A la fin de la campagne, le porteur de projet est régulièrement invité aux événements qu’organise Bulb in Town. Pendant une campagne de financement participatif, des liens se tissent et nous prenons régulièrement des nouvelles de nos anciens porteurs de campagne. Notre objectif est de créer un vrai réseau solidaire, où les projets ont du sens et rencontrent leur public sur notre site.

On ne paye rien pour tenter l’aventure du financement participatif. Si le porteur de projet n’atteint pas son objectif, il ne nous doit rien. C’est gratuit, simple et sans risque !

Combien de financements ont déjà abouti ? Quel est votre objectif à terme ? Comment vous rémunérez-vous ?

Stéphane Vromman et Alexandre Laing : Depuis la mise en ligne du site en février 2013, une quarantaine de projets ont vu le jour.

Nous nous rémunérons sur les campagnes réussies. Si un projet atteint son objectif, nous percevons 4% de commission (+ frais bancaires de 3%) sur la somme totale collectée. S’ils ne réussissent pas, nous ne collectons rien. Nous avons donc tout intérêt à ce que tous les projets soient un succès !

Nous pensons qu’à terme Bulb in Town peut devenir le réflexe financement pour tous les commerçants, restaurateurs, artisans, agriculteurs, et tous ceux qui ont des projets d’impact local ou créent et gèrent des lieux de vie.

Notre ambition, devenir une ligne systématique sur le plan de financement de ces entreprises à côté du prêt ou de l’apport en capital.

Comment vous est venue l’idée de Bulb in Town ? Quelles ont été les principales difficultés lors de la création de votre entreprise ? Qui se cache derrière cette start-up ?

Stéphane Vromman et Alexandre Laing : Nous sommes deux à avoir créé Bulb in Town, Alexandre Laing et Stéphane Vromman, tous deux diplômés de l’ESCP. Après avoir passé plusieurs années dans le conseil, nous nous sommes décidés à créer notre propre boîte où le financement solidaire pourrait aider les entreprises de proximité en particulier les commerces indépendants à évoluer, innover.

C’est en octobre que nous décidons de nous lancer avec Stéphane et rencontrons les premières difficultés notamment avec les banques qui ne comprennent pas bien notre activité, ce qui a pour effet de repousser la mise en place du système de paiement et le développement du site.

Mais beaucoup de bonnes choses se passent entre temps avec notamment la Bourse de l’innovation dont nous remportons le premier prix en décembre 2012 et qui nous fait connaître.

En février nous lançons la plateforme avec deux projets. Le test est concluant et depuis nous attirons de plus en plus de beaux projets qui réussissent dans plus de 80% des cas leur collecte (soit 30% de plus que la moyenne du crowdfunding)

Grâce à d’excellents retours clients, nous avons noué de beaux partenariats avec des acteurs du commerce, de l’ESS, de l’accompagnement à la création d’entreprise tels que la Journée Nationale du Commerce de Proximité et l’artisanat (JNCP), Aquitaine Active, la CCI Paris-Ile de France, la SEMAEST, les Vitrines de France, etc.

Aujourd’hui, comme toute entreprise qui se lance, avec un service qu’on dit formidable, nous devons surtout nous faire connaître de tous les petits entrepreneurs et du grand public partout en France. Comme toute start-up, nous avons démarré sans moyens et pour accélérer recherchons aussi depuis peu des investisseurs.

De nombreuses demandes déjà avec comme cerise Xavier Niel, Marc Simoncini et Jacques Antoine Granjon qui nous récompensent dans le cadre du concours 101 projets avec un prêt de 25 000 euros.

Et enfin, en tant que plateforme venant en aide à des entrepreneurs, quels conseils auriez-vous à leur donner pour que leur demande de financement participatif ait toutes les chances d’aboutir ?

Stéphane Vromman et Alexandre Laing : Etant nous-mêmes entrepreneurs, nous conseillons aux entrepreneurs qui viennent à nous de faire preuve de ténacité dans leur campagne ; ne pas hésiter à fédérer tous ses contacts autour du projet, en parler, faire passer le mot… C’est le maître mot d’une campagne réussie.

Il faut ensuite faire partager votre passion. Cela ne s’appelle pas « financement participatif » pour rien, le projet sera rendu possible si vous impliquez tous vos contributeurs et si vous les informez régulièrement sur le déroulement de votre campagne.

Il faut voir l’aventure du financement participatif comme une opportunité unique de trouver des fonds ET communiquer sur son activité.

Souvent, les porteurs de projet sont étonnés du réseau qu’ils parviennent à réunir autour de leur projet, jusqu’à recevoir des fonds de la part de personnes qu’ils ne connaissent pas. Nous leur répétons que le développement de leur commerce, projet culturel ou associatif touche plus de monde qu’ils ne l’auraient imaginé, ce qui prouve l’attachement des Français à leurs commerces et services de proximité.

Pour en savoir plus : Bulbintown.com

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