Jean-Pierre Gaudard : La fin du salariat (Ed. François Bourin)

La fin du salaria est-elle proche ?

Dans une société fragilisée par quarante ans de crise économique, lassée par l’impuissance politique et bouleversée par les aspirations portées par les nouvelles générations, plus indépendantes, plus égoïstes, le salariat, en tant que système économique et social, peine à résister. L’une des manifestations les plus criantes de ce constat est la montée en puissance des free-lance, ces entrepreneurs se lançant à leur compte, sous diverses formes, et qui ont profondément changé notre idée de l’emploi. Ne serait-ce qu’en France, depuis la création du dispositif en 2011, plus d’un million de personnes se sont déjà échappées des portes du salariat pour lancer leur auto-entreprise.

Villamontes De nouvelles formes d’activité

L’un des premiers constats dressés par Jean-Pierre Gaudard au sein de son ouvrage est la montée en puissance du nomadisme et des formes libres d’activité. Exit le travail tayloro-fordiste tel que l’ont connu nos aînés, sédentarisé, cloîtré au sein d’usines impersonnelles et régulé par des cycles horaires aux relents de 3-8. Le travailleur nouveau, fraîchement sorti de son école, bercé par les douceurs libertaires d’internet depuis sa plus tendre enfance, n’a que faire du séculaire adage « labeur contre protection sociale ». Ce qu’il souhaite, c’est utiliser ses compétences, les vendre au plus offrant, organiser lui-même sa propre visibilité, entrer lui-même en concurrence vis-à-vis d’autres actifs.

Qui dit libre ne dit pas forcément esseulé. L’auteur s’intéresse ainsi à la lente mais perceptible progression du télétravail en France (9% des salariés aujourd’hui contre 18% dans le reste de l’Europe, et 30% aux Etats-Unis) et qui ne s’effectue pas forcément au domicile privé, en témoigne la création de tiers-lieux, ces pôles de travail décentralisés fleurissant autour et dans la capitale. Les start-ups bénéficient depuis quelques années de l’éclosion de barcamps ou d’espaces de co-working comme La Cantine, censés favoriser les débats, l’entraide, ou ce que les anglo-saxons appellent tout simplement la « sérendipité ».

Autant de bouleversements ne se font pas sans dégâts. Il est parfois difficile de savoir si ce sont les évolutions du marché du travail qui ont favorisé l’instabilité, ou si ce sont justement les aspirations à plus d’autonomie et de liberté qui ont enfermé les travailleurs dans des formes nouvelles de précarité. Au-delà du télétravail, on pourra pointer du doigt la récurrence des embauches « au projet » (ex : la création d’un film donne lieu à l’embauche d’une myriade d’intermittents du spectacle), le développement des services à la personne (une personne n’a pas besoin d’un assistant à temps plein) ou le recours massif aux stagiaires (qui sont contents d’être formés et d’augmenter leur visibilité auprès de futurs employeurs, mais qui grappillent involontairement des postes à temps plein en organisant leurs propres remplacements).

Jean-Pierre Gaudard nous livre ici une analyse particulièrement complète de l’effritement du salariat, à ne pas rater.

rencontre celibataire Г  paris Plus d’ouvrages chez François Bourin

Jean-Pierre Gaudard est un spécialiste des questions économiques et industrielles. Il a été rédacteur en chef de L’Usine nouvelle. Il a également publié L’intraitable Monsieur Mer et Le Mal industriel français.

Parmi les derniers ouvrages chez François Bourin : La corruption en France, la République en danger (Gilles Gaetner), Petit éloge de la gentillesse (Emmanuel Jaffelin).

 

Pour en savoir plus sur les nouvelles publications, rendez-vous directement sur le site des éditions François Bourin.

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