Charles de Gaulle : Traits d’esprit (Ed. Le Cherche Midi)
Choisis par Marcel Jullian (1922-2004), cette collection de citations du général Charles de Gaulle illustre à merveille un personnage entré de son vivant dans l’Histoire.
Difficile de résumer un grand Homme à ses simples paroles, surtout lorsque ce sont ses actes qui ont avant tout marqué l’Histoire. Mais le général de Gaulle fut également un homme d’esprit, faisant preuve d’un humour et d’une « causticité inimitable », selon M. Jullian.
Comme le rappelle l’auteur du recueil, Traits d’esprit tente d’ « éclairer, l’une après l’autre, ce que l’on pourrait appeler les grandes provinces d’une personnalité hors du commun », à travers plus de 500 citations. L’ouvrage s’articule autour d’une quarantaine de thèmes très variés, allant de La France à La Résistance, en passant par Pétain, Les Politiciens ou Le communisme. Le contexte est parfois précisé, avec quelques explications, facilitant d’autant plus la compréhension de certaines phrases à double-sens ou ironique, dont le général s’avérait particulièrement friand. Si de nombreuses déclarations sont directement issues des écrits dudit général, d’autres prennent plutôt la forme de témoignages ou de simple rumeur.
L’on y découvre un homme à la personnalité hors du commun, capable de faire preuve d’une répartie féroce face à des contemporains tels que Staline, Khrouchtchev ou Churchill ; avec une certaine part d’ombre et de solitude face à un monde dont il soulève bien souvent les traits les plus absurdes.
Un ouvrage plaisant et facile à lire, d’autant plus utile pour tous ceux qui souhaitent se rappeler – ou tout simplement découvrir – l’inoubliable « homme du 18 juin ».
« Je n’aime que ceux qui me résistent ; mais, malheureusement, je ne les supporte pas… »
(D’après Olivier Guichard)
1961. De Gaulle convoque à l’Elysée Wilfrid Baumgartner, gouverneur de la Banque de France, et lui propose de succéder à Antoine Pinay, ministre des Finances. Baumgartner décline, arguant qu’il n’est pas digne du poste et qu’il connaît trop mal le milieu politique pour faire un bon ministre. On ne se refuse pas à de Gaulle, qui insiste. Baumgartner résiste : « J’aime mieux continuer mon action à la Banque de France, qui est loin d’être achevée. »
Alors de Gaulle, froidement, assène en guise d’argument final :
– Mais, vous n’êtes plus gouverneur de la Banque de France.
(D’après Alain Peyrefitte)
– Mon général, pour qui faut-il voter ?
– Sachez qu’on ne vote jamais pour quelqu’un, mais contre quelqu’un.
« Mai 1968, ou quand les garçons, ne se contentant plus de mettre les pieds sur la table, jettent par la fenêtre la machine à laver de maman, qui ne tourne pas dans le sens de l’histoire, et incendient la bagnole de papa, porteuse d’aliénation… »
« Comme un homme politique ne croit jamais ce qu’il dit, il est tout étonné quand il est cru sur parole ! »
Marcel Jullian est un dialoguiste, écrivain, scénariste et réalisateur français. Il est notamment à l’origine de films célèbres tels que Le Corniaud (1964) ou La Grande Vadrouille (1966).
Parmi les derniers ouvrages chez Le Cherche Midi : Carton Rouge (collectif), Les chats de Siné (Siné).
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