Christophe Barbier : Maquillages, les politiques sans fard (Ed. Grasset)
Rien de plus troublant en ces temps électoraux que d’assister à l’éternelle tragédie républico-romaine, répétée avec une énergie sans cesse renouvelée, par les hommes politiques. Coups bas, discours ciselés, valeurs martelées, personnages incarnés à la perfection. Mais qui sont-ils réellement ? Christophe Barbier, fin commentateur de l’actualité, s’attache à gratter ce fard qui recouvre la peau de nos politiques.
Sous l’immuable ballet auquel nous assistons peut néanmoins se cacher une bombe. De celles qui défient les sondages et la force des plus enhardis. Une suite 2806 au Sofitel, une menace atomique de la part de l’Iran ou une valise de billets et quelques corbeaux égarés, et ce sont toutes les ficelles d’une campagne qui se mettent à brûler. « La vie a plus d’imagination que les hommes, la politique plus de rouerie que les experts, le peuple plus de passion que de réflexion ».
Le premier faisceau de lumière est consacré au Président de la République, Nicolas Sarkozy, « l’homme qui maquille ses mains ». Pour avoir simplement demandé à celui-ci comment il allait, suite à son malaise vagal de 2009, l’auteur a vu les torrents de la colère déferler sur lui, pendant près d’un quart d’heure, et devant ses collègues de profession. On y découvre surtout un Président coupé des réalités, isolé dans son carrosse élyséen que nul conseiller n’aura eu le décourage de véritablement ouvrir durant les premières années de mandat. Puis un Président qui s’est jeté avidement sur la culture, au fur et à mesure de sa relation avec sa nouvelle femme, Carla Bruni-Sarkozy. Allant jusqu’à répéter inlassablement les passages préférés du film Ordet, du Danois Carl Dreyer. Qui n’a pas encore entendu le Président s’étendre sur cette fameuse scène de la résurrection, où la nièce se relève de son cercueil ?
La plupart des candidats à la présidentielle passent sous la plume talentueuse de Christophe Barbier. D’aucuns n’en ressortent pas grandis, à l’instar du Président, critiqué à maintes reprises pour son langage très cru, ou du centriste François Bayrou, talentueux mais aveuglé dans son désert. Quelques-uns, demeurés aspirants, ne sont pas non plus épargnés, tels Dominique de Villepin, « l’homme qui maquille sa haine » ou Dominique Strauss Kahn, « l’homme qui maquille sa vie ».
Les portraits sont ponctués d’anecdotes truculentes, de ces fameux off, ou même de scènes publiques racontées sous un angle moins officiel.
Christophe Barbier est le directeur de l’Express. Paré de son écharpe rouge, il commente souvent l’actualité sur i>télé, Canal+ et France 5.
Parmi les derniers ouvrages chez Grasset : 21 rue La Boétie (Anne Sinclair), Mes conversations avec les tueurs (Stéphane Bourgoin).
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