Lucie Davoine : Economie du bonheur (Ed. La Découverte)

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Discipline récente, longtemps ignorée, voire méprisée par les économistes, l’ « économie du bonheur », en s’intéressant au bien-être et au degré de satisfaction des individus au sein d’une société a pourtant de nombreuses enseignements à nous apporter. Depuis une dizaine d’années, le thème connaît un regain d’intérêt.

Lucie Davoine, spécialiste des questions d’emploi et de travail, nous apporte de précieuses pistes à travers son ouvrage.

http://adsecurite.fr/?seledka=rencontre-homme-guingamp&734=e0 L’argent fait-il le bonheur, ou le paradoxe d’Easterlin

Comme le rappelle d’abord l’auteur, l’article fondateur du courant de l’ « économie du bonheur » n’a été publié que récemment au regard de l’histoire des sciences économiques. « En étudiant l’effet du revenu sur le bien-être déclaré, Richard Easterlin a ainsi donné son nom à un fait stylisé devenu célèbre : l’augmentation de la richesse au cours des années 1960 aux États-Unis ne s’est pas traduite par une satisfaction accrue ». Les travaux restèrent toutefois peu développés, jusqu’à il y a quelques années. Qui peut encore ignorer aujourd’hui les enquêtes de « satisfaction » dont nous abreuvent les médias ?

Si la discipline est encore marquée par d’importantes difficultés méthodologiques (biais d’acquiescement, inconstances temporelles dans les déclarations de satisfaction, difficultés de comparaison), il a néanmoins été possible de comparer le bonheur et le PIB à travers le monde, afin de mettre en avant une relation (log)-linéaire entre les deux éléments, comme en témoignent les travaux de Richard Layard. Pourtant, l’on constatera qu’au-delà de 15 000 dollars / tête, il existe une certaine indépendance du degré de bonheur. Certainement l’intuition que l’argent fait un peu le bonheur, mais pas totalement.

Relation croissance bonheur

Le second enseignement va même plus loin : nous pouvons nous adapter rapidement à un nouveau niveau de richesse. Lucie Davoine cite ainsi les travaux de Brickman, Coates et Janoff-Bullman (1978) sur les joueurs de loto. Ces derniers ont constaté chez d’heureux gagnants ayant vu leurs revenus « augmenter de 50 000 dollars à 1 000 000 dollars [qu’ils sont] certes heureux sur le moment, mais retrouvent au bout de quelques temps des niveaux de satisfaction comparables à ceux des joueurs qui n’ont rien gagné » !

Par ailleurs, le degré de bonheur est fortement corrélé à la richesse des « autres », ces perfides voisins, collègues ou parents proches qui pourraient vous narguer à coup de talon de chèque. En effet, les individus se déclarent d’autant plus malheureux qu’ils ont le sentiment de gagner moins que leurs pairs. Pis encore, « ils préfèrent gagner moins en termes absolus, mais plus que les autres (Solnick et Hemenway, 1998) ».

Au-delà de la considération économique du travail, l’auteur s’intéresse également à ce que celui-ci apporte en termes de bien-être, d’accomplissement personnel et de reconnaissance sociale. De telles notions sont bien loin de la conception classique du travail, longtemps perçu comme une simple désutilité. Lucie Davoine rappelle d’ailleurs que l’argent qu’il procure n’est pas toujours la priorité. Au Royaume-Uni, d’après le BHPS, « les avis sont partagés (…) : 27% choisissent la sécurité de l’emploi, 25% le revenu, 23% le contenu du travail, 12% l’autonomie et 5% de bonnes relations avec les collègues (Clark, 2005) ».

Lucie Davoine aborde bien d’autres dimensions du bonheur le long de son ouvrage, tels que l’évolution de celui-ci au cours du temps, les disparités entre les genres, mais également l’importance des institutions dans la constitution du bien-être, en particulier la justice, la démocratie, l’Etat-providence, l’école ou la religion. Au travers de constats parfois cinglants peuvent transparaître des recommandations pour les politiques publiques. Le roi du Bhoutan n’a-t-il pas fait du bonheur national un objectif à part entière, dès les années 1970 ?

Il s’agit, en somme, d’une revue passionnante des dernières recherches en matière d’ « économie du bonheur ». Les expériences sur des populations diverses ainsi que les références à d’autres chercheurs ne manquent pas, et font partager, avec simplicité, une discipline injustement délaissée par les économistes traditionnels.

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Lucie Davoine est économiste. Elle a écrit de nombreux articles sur la qualité de l’emploi en Europe, la place du travail dans la vie des Français et l’impact de la réforme des retraites sur le marché du travail.

Parmi les derniers ouvrages chez La Découverte : Regards croisés sur l’économie, n°9 : Pour sortir de la crise du logement (Ouvrage collectif), Regards croisés sur l’économie, n° 10 : Repenser l’économie (Ouvrage collectif).

 

Pour en savoir plus sur les nouvelles publications, rendez-vous directement sur le site des éditions La Découverte.

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