Tondus comme des moutons, la paupérisation des classes moyennes (Ed. Buchet-Chastel)
La crise a non seulement consacré la financiarisation de l’économie, mais elle a également marqué au fer rouge la classe moyenne, véritable grande perdante du cataclysme économique que nous traversons. Face à la toute-puissance des financiers et l’impuissance affichée des politiques, le mouton-citoyen peut-il encore élever sa voix ?
C’est qu’avec la déréglementation des marchés, la croyance en l’autorégulation de ces derniers et la fin de facto du Glass Steagall Act qui imposait une séparation entre les banques de dépôts et les banques d’affaires, la finance s’est laissée aller à des dérives notables, comme en témoigne les bonus déconnectés des performances ou la propagation de produits toxiques adossés à des crédits à hauts risques. De leur côté, à part une timide remontrance sur la question des paradis fiscaux, il semble que les politiques aient rapidement abdiqué dans leur lutte contre les excès du milieu financier, peut-être déjà trop empêtrés dans leur propre crise des dettes souveraines.
En premier lieu, Alain Germain et Edmond-Henri Supernak s’attachent à décrire ce que fut cette période 2007-2011, où le système est passé près de l’implosion suite à l’étincelle des subprimes. L’on retrouve ainsi l’écroulement d’institutions bancaires que l’on pensait invincibles, telles que Bear Stearns, Lehman Brothers, Northern Rock ou Merrill Lynch. Certaines durent tout simplement mettre la clef sous la porte, d’autres furent rachetées in extremis. Attirées par l’effet levier présent dans les produits dérivés, celles-ci se ruèrent en effet vers l’utilisation de produits de plus en plus complexes, dans une course folle à la rentabilité.
Face à la crise, la Réserve Fédérale américaine entreprend tous les moyens à sa disposition pour enrayer la spirale descendante. Prêts aux banques, politique des taux d’intérêts voisins de zéro, « assouplissement quantitatif », tous les moyens sont bons pour faire repartir le système. Selon les auteurs, nous sommes probablement entrés dans une nouvelle bulle : celle des liquidités. Un nouveau point d’éclatement surviendra lorsque ces politiques de soutien cesseront. De l’autre côté de l’Atlantique, les choses ne vont guère mieux. Malgré les plans de sauvetage répétés, la Grèce semble toujours au bord de la faillite. D’autres pays tels que l’Irlande, le Portugal, l’Italie l’Espagne ont subi des plan de rigueur violents.
L’autre problème est que cet état de crise, notamment à cause du creusement des déficits, est peut-être permanent, tant les Etats ont du mal à concevoir des politiques qui ne soient pas keynésiennes. En France et aux Etats-Unis, la dette est déjà équivalente à 100% du PIB, ce qui à un moment, si ce n’est déjà le cas, fera se poser la question de la rigueur. Après les élections françaises en mai 2012, nulle doute que l’automne et l’année 2013 risquent d’être douloureux pour la classe moyenne. Sans oublier qu’en faisant tourner la fameuse planche à billets, les banques centrales génèrent de l’inflation, ce qui touchera une fois de plus les ménages au porte-monnaie. Pour ceux qui en douteraient, la pauvreté augmente déjà. « En 2007, 26,3 millions d’Américain bénéficiaient de [food stamps], rappellent les auteurs. Quatre ans plus tard, le nombre de bénéficiaires avait augmenté de 52% pour dépasser le chiffre de 40 millions ». Les moutons sont-ils toujours les mêmes à être tondus ? Le mystère ne semble plus faire beaucoup d’illusion.
Face à ces problèmes économiques, il est indéniable que la société risque de s’appauvrir. Mais ne risque-t-elle pas aussi de se radicaliser ? Peut-on craindre l’émergence de « démocratures », sorte d’hybride étrange entre démocratie et dictature servant à contrôler les masses mécontentes ?
Le long de cet ouvrage, Alain Germain et Edmond-Henri Supernak n’hésitent pas à poser des questions qui dérangent et à s’opposer au politiquement correct, à la pensée unique, dans un langage clair, bien loin des termes abscons habituels chez les économistes.
Diplômé de l’EDHEC, Alain Germain a poursuivi une carrière de gérant d’entreprise (Président de Burger King Canada à Toronto).
Egalement diplômé de l’EDHEC, Edmond-Henri Supernak a été dirigeant de midcaps internationales.
Parmi les derniers ouvrages chez Buchet-Chastel : La grande démolition. La France cassée par les réformes (Roland Hureaux), Bernardo Provenzano, le Parrain des Parrains (Clare Longrigg).
Pour en savoir plus sur les nouvelles publications, rendez-vous directement sur le site des éditions Buchet-Chastel.